Il existe une grande variabilité sur le mode de discrétisation du volume, et le choix du mode de représentation dépend fortement de l'utilisation faite du volume. Suivant l'approche envisagée, on ajuste sa représentation. En effet, pour une simulation Monte-Carlo des approches orientées par la forme sont préférables tandis que pour des opérations de filtrage une approche fréquentielle est plus appropriée. Il n'en est pas de même pour le sinogramme. En effet, comme pour le choix du référentiel, c'est l'algorithme de reconstruction qui guide la discrétisation. Pratiquement, on conserve une version discrétisée de l'espace défini par le quadruplet . Il s'agit donc d'un tableau à 4 dimensions:
La Fig.4.3 indique comment ce sinogramme est stocké en mémoire.
L'indice variant le plus rapidement est celui correspondant à puis à puis à et enfin à .Pratiquement pour un examen effectué sur la caméra ECAT HR+ SIEMENS, chaque plan de projection fait éléments et directions sont envisagées. Comment partant d'un empilement de 32 couronnes de 576 détecteurs (18432 détecteurs au total) peut-on arriver à un sinogramme ayant de telles dimensions?
On pourrait croire de prime abord que tout couple de détecteurs choisi parmi les 18432 détecteurs peut donner lieu à une LOR. Le sinogramme constituerait alors en une simple énumération de ces couples de détecteurs possibles.3.2 Or, nous l'avons dit, pour la reconstruction standard des données, cette solution n'a pas été retenue.
Fixons l'angle à 0 et recherchons pour cet angle, quels sont les couples susceptibles d'être appariés pour former une LOR. est nul, les lignes de coïncidences correspondent donc à des directions et s'inscrivent dans des plans transaxiaux. Du fait de l'orientation du cylindre (empilement de couronnes), considérer un plan transaxial revient à apparier des détecteurs d'une seule et même couronne (les couronnes sont dans des plans transaxiaux). Chacune des 32 couronnes comporte 576 détecteurs. Un détecteur de sur une couronne devrait donc avoir la possibilité d'être apparié avec un des détecteurs possibles de . En fait, plutôt que de chercher pour un détecteur quels sont ceux que l'on peut lui apparier, nous allons grouper les couples de détecteurs par direction. Par exemple, sur la Fig.4.4, plutôt que de chercher la famille des détecteurs pouvant former avec une LOR, on constate que les couples , et se regroupent sous une même direction de projection (en vert sur la figure). De même, les couples de détecteurs , et (en rouge) ou , et (en bleu) se regroupent sous un même angle de vue . Ceci nous amènerait à envisager directions de projections ou angles de vue. Or, nous n'avons que 144 angles de vues !
Pour un angle de vue , nous avons normalement couples de détecteurs se regroupant sous cette direction. Ceci devrait nous conduire à valeurs de par direction. Comme le champ de vue est restreint, seul couples sur les possibles sont envisagés pour une direction (Fig.4.4)
[Regroupement des couples suivant des angles de vues ().]
[Champ de vue pour un angle de vue .]
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Quelle est l'origine de cette réduction du nombre de vues d'un facteur deux et de cette augmentation dans un facteur deux du nombre de projections par vue? Ce facteur deux que nous observons provient d'un entrelaçage des vues. Pour comprendre l'intérêt de cet entrelaçage, arrêtons nous Fig.4.5
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Précédemment nous avions fixé l'angle à 0. Cela nous permettait de ne considérer qu'une couronne de détecteurs et nous pouvions parler de plan transaxial. Cela nous permettait de dessiner sur une feuille (et donc dans un plan) une tranche du cylindre de détecteurs. Toutes les lignes de coïncidences que nous envisagions s'inscrivaient dans ces plans transaxiaux. En faisant varier et , nous décrivions des LOR situées dans un plan transaxial à une hauteur (fixée par la couronne envisagée).
Dans le référentiel théorique envisagé précédemment (Par.4.2), pour tout angle fixé, qu'il soit nul ou non, nous décrivons un plan lorsque nous faisons varier les variables et . C'est ce plan que nous appellerons Plan de détecteurs. Ainsi, les plans transaxiaux associés à chaque couronne correspondent à un cas particulier des plans de détecteurs. Cependant, si tout se passe bien lorsque l'angle est nul, les choses se compliquent lorsque nous envisageons une inclinaison non nulle. Pour s'en persuader, il suffit de regarder la Fig.4.7.
[Plan de détecteurs théorique et son approximation.] [Référentiel associé au plan de détecteurs.] |
Nous avons précédemment montré comment partant des lignes de coïncidences qui présentent la même direction que le couple de détecteurs nous pouvions construire un plan de détecteurs . Nous devrions donc avoir normalement autant de plans dans notre sinogramme qu'il existe de couronnes.
Mais un plan de détecteurs regroupe et comptabilise plusieurs LOR d'inclinaisons différentes.
Considérons que les détecteurs sont situés sur une même couronne (). Une ligne de coïncidence comptant les photons émis suivant la direction associée à dans la portion de l'espace définie par ces deux détecteurs et (parallélépipède en vert Fig.4.8) est enregistrée au niveau du plan de détecteurs ( fixé)
. Considérons, suivant le même angle , le détecteur (respectivement ) placé sur la couronne juste en dessous (respectivement en dessus) de . On définit de même les détecteurs (et ) pour le détecteur . Les photons détectés par les couples de détecteurs et sont comptabilisés au sein du même plan de détecteurs , même si ces couples définissent des angles d'inclinaisons et donc des LOR qui n'appartiennent pas au plan de détecteurs. L'élément du sinogramme défini par le quadruplet intégrera donc tous les photons émis au sein de cet espèce de noeud papillon et détectés par les couples de détecteurs , ou . Cela revient vu du centre de la caméra à définir un angle d'acceptance (Fig.4.8) . Tous les photons émis dans des directions qui vérifientEn groupant différentes inclinaisons au sein d'un même plan, on augmente le nombre de paires de photons qui y sont détectés. Cet artifice a d'abord été utilisé pour augmenter la sensibilité des imageurs TEP destinés à faire des acquisitions du corps complet. En effet, pour de tels examens, on réalise des acquisitions courtes, donc présentant une mauvaise statistique. On l'améliore en regroupant certaines lignes de coïncidence au sein d'un même plan de détecteurs.[24]. Toutefois, ce regroupement introduit un flou sur la résolution spatiale. Ce flou est d'autant plus important que l'on s'éloigne du centre du champ de vue. Un angle d'acceptance important conduit à une dégradation importante de la résolution. En revanche, au vu du rayon des couronnes de détecteurs vis à vis du champ généralement imagé, cette dégradation reste limitée pour un angle d'acceptance choisi de façon judicieuse.
Trois termes sont nécessaires pour caractériser l'acceptance: le brassage (mashing), l'écartement (span), et l'écart maximum entre couronnes. Le brassage est utilisé pour définir l'angle d'acceptance transaxial tandis que l'écartement et l'écart maximum entre couronnes servent à décrire l'angle d'acceptance axial.
Rappelons que l'entrelaçage des vues permet de multiplier par deux le nombre de vues (Par.4.4.2). En l'état, ceci correspond à un brassage valant 0. Si deux projections adjacentes sont additionnées pour n'en former plus qu'une seule, la valeur du brassage est de 1. Une valeur de 2 pour le brassage revient à combiner ensemble quatre projections adjacentes.
Nous avons vu (Par.4.4.4), comment, au sein d'un même plan de détecteurs, nous pouvions regrouper plusieurs LOR d'angles d'inclinaison différents. Toutefois dans cette description, certains couples de détecteurs n'ont pas été envisagés. Au niveau de quel plan de détecteurs sont comptés les photons détectés par les couples de détecteurs et et leur homologues? On constate Fig.4.9
que les droites joignant les centres de ces couples de détecteurs ne se coupent pas en , comme pour les couples de détecteurs , ou , mais de manière légèrement décalée vers le bas, i.e. en . On introduit donc un plan fictif , parallèle à , décalé d'une demie hauteur de détecteur. Le nombre de plans s'en trouve augmenté. Le plan passant par le point intègre de l'information provenant de 3 inclinaisons différentes tandis que celui passant par n'en intègre que sur deux. L'angle d'acceptance ne sera pas le même suivant qu'il s'agisse d'un plan passant par ou d'un plan passant par . Ainsi, les plans observés sont de deux natures : Les plans pairs intègrent l'information provenant de inclinaisons et les plans impairs le font sur seulement inclinaisons. Dans l'exemple servant pour l'illustration, nous avons . On définit alors l'écartement par , soit dans l'exemple . L'angle d'acceptance est fixé par la donnée de cet écartement . est une valeur entière, l'écartement est donc également une valeur entière dont les valeurs possibles sont 3 (1+2), 5 (2+3), 7 (3+4), etc. De fait, l'angle d'acceptance est à valeur discrète dans .L'écartement est donc toujours un nombre impair correspondant à la somme du nombre de couples de détecteurs pris en compte pour les plans pairs et de celui des plans impairs.
Le regroupement d'un certain nombre de couples de détecteurs a permis de manière artificielle d'augmenter le nombre de plans . Cette augmentation correspond à une diminution du pas d'échantillonnage suivant la direction axiale (diminution de la distance entre 2 plans de détecteurs). En apparence, tout se passe comme si la mesure avait été faite avec des détecteurs fictifs plus petits. Une fois acquis et en vue de la reconstruction, on considère que chaque quadruplet correspond à une ligne de coïncidence dont la direction est fixée effectivement par une droite joignant deux de ces détecteurs fictifs. Les plans du sinogramme sont alors tous de même nature, et on oublie au moment de la reconstruction le regroupement de lignes de coïncidence effectué lors de l'acquisition.
Nous avons jusqu'à présent entrevu comment, partant de la géométrie initiale de la caméra, nous pouvions modifier le triplet . L'entrelaçage des vues nous permet de jouer sur et tandis que l'écartement nous permet de jouer sur . Pour aller plus loin dans la compréhension de la détermination de mais aussi du nombre d'inclinaisons , nous pouvons faire appel à un diagramme de visualisation développé par CTI©en collaboration avec Christian Michel de l'université catholique de Louvain: Le Michelogramme.
Il s'agit simplement d'un tableau bidimensionnel dans lequel on reporte en abscisse l'indice des couronnes dans et en ordonnée l'indice des couronnes dans . Chaque couple pris sur ce diagramme traduit la mise en correspondance entre un détecteur de pris sur la couronne d'indice et un détecteur de pris sur la couronne d'indice . Autrement dit, chaque couple de ce Michelogramme définit l'angle associé à un plan de détecteurs. Pour un couple , on obtient une série de plan correspondant à un (lié à ) et à un (lié à ) fixés. Si on suppose, pour l'exemple, que comme sont sur la couronne d'indice 6, le couple définit un plan de détecteurs transaxial. Ce plan transaxial coupe le cylindre à hauteur de la 6 couronne. Un écartement de 9 nous conduit à intégrer au sein du plan , d'inclinaison nulle, les lignes de coïncidences détectées suivant les plans de détecteurs d'inclinaison non nulle , , et . On trace alors sur le Michelogramme (Fig.4.10) un segment de droite joignant les couples pour , pour , pour , pour et pour .
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Tous les plans obtenus (pairs et impairs) sont des plans transaxiaux dont les indices et sont égaux. Cette série de couples d'indice se répartie autour de la droite (droite bleue sur la Fig.4.10). Un plan de détecteurs pair intègre de l'information venant de 5 angles d'inclinaisons différents, un plan impair l'intègre seulement sur 4. La Fig.4.11 donne la signification de deux des lignes tracées sur le Michelogramme Fig.4.10 correspondant aux plans de détecteurs d'indice 11 et 12. Partant de couronnes, on construit plans.
Les premiers et les derniers plans du sinogramme intègrent les paires de photons sur un nombre plus faible de couples de détecteurs (segments de droite plus courts sur le Michelogramme). En effet, il existe des cas où il n'y a pas de détecteur en dessus ou au dessous d'un capteur. Si il a 20 couronnes, il n'y a pas de détecteur au dessus pour un capteur situé sur la couronne 20. Le cylindre est de dimension finie!
Toutes les portions de droites dessinées sur le Michelogramme correspondent à des plans de détecteurs présentant le même angle d'inclinaison . En effet, tous les couples de détecteurs se regroupent dans des plans transaxiaux dont la différence d'indice entre couronne est nulle ( ). On regroupe l'ensemble de ces plans de détecteurs (il existe autant de plans de détecteurs que de segments de droite sur le Michelogramme) dans un tableau à 3 dimensions que l'on nomme Segment. Le segment regroupe tous les plans de détecteurs présentant un même angle d'inclinaison (un même ). Sur le Michelogramme, Fig.4.10 est représenté le segment pour un angle (premier segment ou segment 0). Or, le sinogramme mémorise plusieurs angles d'inclinaison (). Nous avons donc autant de segments que de valeurs de l'angle , c'est à dire segments.
Un segment correspond à une portion d'un sinogramme pour un angle d'inclinaison particulier.
Chaque couple du Michelogramme et donc tout couple de détecteurs ne peut être utilisé qu'une seule fois. Un couple de détecteurs est compté dans un plan de détecteurs particulier et un seul. Sur le Michelogrammse, les groupes de portions de droite correspondant à deux segments différents doivent donc être disjoints. Sur la Michelogramme Fig.4.12, on retrouve le premier segment décrit précédemment, mais aussi deux autres segments correspondant à des inclinaisons non nulles (Segment +1 () et Segment -1 ( ) ).
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Du fait de l'écartement, et même si finalement les plans de détecteurs du premier segment sont des plans transaxiaux, ils intègrent de l'information venant de détecteurs placés sur des couronnes différentes. Les capteurs et , par exemple, induisent une différence . Pour le segment , caractérisé par un angle d'inclinaison particulier, on peut définir une différence d'indice entre couronnes minimale (une différence maximale ). Les valeurs de et dépendent du segment considéré mais aussi de la valeur de l'écartement . Pour le premier segment (segment 0) avec un écartement de 9 (Fig.4.11), la différence maximale est de 4 (calculée sur les capteurs et par exemple) alors que la différence minimale est de -4.3.3
Comme les couples de détecteurs ne peuvent être utilisé qu'une seule fois, la différence peut se déduire de la différence du segment précédent :
Pour le premier segment, les valeurs sont centrées sur 0. Ainsi, il y a valeurs pour aller de à .
Considérons le segment +1 illustré Fig.4.13 (l'écartement vaut 9). Un calcul direct à partir de cette Fig.4.13 nous conduit à et . Ces valeurs de différence sont en accord avec les lois énoncées précédemment et nous avons bien valeurs entre et . Pour le segment -1, nous obtenons : et . Les segments -1 et +1 sont miroirs l'un de l'autre.
On peut donc définir maintenant l'écart maximum entre couronnes qui correspond à la différence maximale d'indice calculée sur l'ensemble des segments du sinogramme :
Dans l'exemple précédent, si le sinogramme ne comportait que les segments 0, +1, -1, l'écart maximum entre couronnes serait:
Ce qu'il faut comprendre et surtout retenir dans tout cela, c'est que le nombre de segments (ou nombre d'inclinaisons) est lié de façon univoque :
Ceci, correspond sur le Michelogramme, au nombre maximum de groupes de segments de droite disjoints que l'on peut dessiner.
Pour un examen courant sur la caméra ECAT HR+ standard, l'écartement vaut 9 et l'écart maximum entre couronne vaut 22. Ceci contraint le nombre de segments à
Nous voyons que l'élaboration d'un sinogramme correspond à un jeu subtil de mise en correspondance de couples de détecteurs. Dans un sinogramme, chaque segment correspond à un angle d'inclinaison donné caractérisé par une différence d'indice entre couronnes . Il parait évident que si l'angle est non nul, i.e. si le segment correspond à une acquisition oblique, le nombre possible des plans de détecteurs diminue. Certains couples de détecteurs ne pouvant plus être appariés, car la différence conduit à des détecteurs situés en dehors de l'empilement des couronnes (Fig.4.14).
[Segment correspondant à .] [Segment correspondant à .] |
Nous résumons dans le tableau Tab.4.1
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Afin d'illustrer les nombreux concepts énoncés, propres à une acquisition de géométrie cylindrique, nous allons donner les deux modes de représentation du sinogramme les plus fréquents.
De manière imagée (Fig.4.15), on peut se représenter le sinogramme par la donnée d'un plan défini par qui tourne autour de l'objet émettant (lorsque varient).
On peut donc dans un premier temps visualiser le sinogramme suivant un de ces plans . On fixe l'angle de vue et on représente le plan correspondant à 3 segments d'inclinaison différente (Fig.4.16)
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Une deuxième façon de voir les choses consiste à fixer une valeur de dans un segment particulier ( fixé), on obtient alors des images bidimensionnelles (Fig.4.17)
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