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Nous disposons maintenant de tous les éléments pour construire un sinogramme
de manière analytique. Il reste à confronter ce modèle avec un sinogramme réel
issu d'une acquisition afin d'en estimer les paramètre
et
.
Pour cela, nous avons utilisé le fantôme d'Hoffman 3D
disponible à CYCERON. Ce fantôme est un cylindre en plexiglas contenant 19 tranches
évidées afin de recevoir un liquide radioactif (Fig.6.5)
Figure:
Fantôme Hoffman 3D
|
. La forme de chacune des découpes se rapproche de celle observé dans des coupes
axiales de cerveau. Chacune des tranches fait 6.09 mm d'épaisseur. Afin de n'utiliser
qu'un seul liquide radioactif pour remplir le fantôme, chacune de ces tranches
est subdivisée en 5 sous-tranches (2 de 0.762mm et 3 de 1.524mm). Cette subdivision
permet en remplissant le fantôme d'obtenir 2 niveaux de radioactivité pour différencier
la substance blanche (SB) de la substance grise (SG) dans un ratio
.
Ce ratio est en accord avec le ratio des activités biochimiques de chacune de
ces deux substances. Le fantôme a une capacité d'environ 1150
.
Pour réaliser un examen, on produit une solution aqueuse contenant du Fluor
radioactif. On remplit ce cylindre avec cette substance en ayant au préalable
ajouté un solvant pour que la solution se répartisse uniformément à l'intérieur
du cylindre. La solution contient
mCi de Fluor. Le fantôme
ayant été agité afin d'uniformiser la répartition de la radioactivité, nous
commençons l'acquisition 22 minutes après la création de notre traceur fluoré.
Pour ce fantôme, nous allons réaliser 10 acquisitions (10 Frames).
Les 5 premières frames enregistrent chacune 130 Millions (M) de coups.
Il s'agit des évènements vrais, les fortuits ayant été supprimés de manière
dynamique durant l'acquisition. Les 5 dernières frames ne comportent
que 20 M de coups. On attend que le fantôme ne soit plus radioactif pour lancer
une transmission. Des études ont montré que le nombre de coups minimum d'un
examen de transmission donnant une correction d'atténuation correcte est de
130M. Dans notre cas, 260M de coups ont été acquis pour réaliser la transmission.
Par un jeu de sommation de frames , on obtient une série de sinogrammes
indépendants couvrant une large gamme de nombre de coups. Ces sinogrammes sont
ensuite corrigés à l'aide des outils disponibles sur la caméra ECAT HR+. Nous
obtenons ainsi une série de 10 sinogrammes (Tab.6.1)
prêts à être reconstruits.
Nous disposons également d'une version numérique du fantôme. Il s'agit d'un
volume
qui présente deux classes pour chacune des 2 substances
(
et
) présentant respectivement
et
voxels. Les valeurs de chacune de ces deux substances sont dans le ratio
,
où
représente la valeur moyenne sur la classe considérée. Seul le
ratio nous importe puisque c'est par la détermination de la constante
(Par.6.3.1)
que nous normalisons les projections calculées et donc notre volume par rapport
aux projections vraies. Cependant la valeur de la constante
est
liée aux valeurs affectées à chacune des deux classes. Si je choisis un fantôme
d'activité double pour la projection, la constante
sera divisée
par deux. C'est pourquoi par la suite les valeurs des constantes
seront données pour des valeurs du fantômes choisies en accord avec Tab.6.2.
Table:
Valeurs du fantôme.
|
Ce volume a une dimension
, où chaque plan (indice
)
correspond à une des tranches du fantôme de Hoffman. A l'aide d'un sinogramme
de Tab.6.1 de bonne qualité (i.e. présentant un grand nombre de
coups), nous effectuons une reconstruction par rétroprojection filtrée (voir
partie sur reconstruction). Nous obtenons ainsi un volume de
voxels de dimensions
. Nous allons
ensuite recaler notre fantôme numérique
sur ce volume reconstruit
afin de le positionner dans le référentiel de la caméra comme l'était le fantôme
physique. Ce recalage nous permet aussi d'ajuster les dimensions des voxels
de notre fantôme numérique. En effet, pour effectuer ce recalage nous utilisons
l'algorithme AIR développé par R. Woods [100,99]. Cet algorithme
nous permet d'ajuster 9 paramètres pour recaler le fantôme numérique dans l'espace
de la caméra (3 rotations, 3 translations, 3 homothéties). C'est ce fantôme
recalé
qui nous servira de base pour la création de sinogrammes simulés.
Le fait de recaler le fantôme va induire des interpolations dans le volume (rotations
et homothéties notamment). C'est pourquoi, même si le fantôme comporte intrinsèquement
toujours 2 classes, il présentera par endroits des valeurs différentes de
et
. Nous allons donc définir une notion de région
[16].
Un voxel
5.3 de l'image est considéré comme appartenant à la région
si sa valeur
et si un certain
nombre de voxels de son voisinage sont dans le même intervalle de valeurs.
représente une certaine tolérance par rapport à la moyenne. De ce fait, il est
nécessaire en plus de la moyenne
sur la région de définir la variance
sur cette région. Les valeurs pour le fantôme recalé sont consignées
dans les tableau Tab.6.3.
A l'aide d'un des sinogrammes issu de Tab.6.1 d'une part et du
fantôme numérique recalé, nous pouvons construire les sinogrammes de bruit
et
. La démarche pour les obtenir est illustrée Fig.6.6
Figure 6.6:
Principe de construction des sinogrammes de bruit.
|
. La projection analytique de
(fantôme normalisé) nous fournit
le sinogramme idéal
qui nous servira de référence. Pour construire
le sinogramme de bruit, nous bruitons
en accord avec Par.6.2.2.
Ce fantôme bruité est projeté pour obtenir un sinogramme bruité
.
Nous pouvons maintenant construire nos sinogrammes de bruits comme définis Par.6.3.2.1.
A titre de première illustration, nous allons déterminer les constantes
et
pour un des sinogrammes de Tab.6.1. Nous allons
le faire pour le sinogramme présentant 260 M de coups (
). La
détermination de la constante
ne pose aucun problème, elle s'obtient
directement grâce à Eq.6.3. Il faut noter toutefois que cette valeur
de constante est totalement dépendante des valeurs présentes dans le fantôme.
Cette constante est relative au fantôme décrit dans Tab.6.3.
La détermination de la constante
pose plus de problèmes. Nous allons
donc la déterminer graphiquement. Pour différentes valeurs de cette constante,
on calcule 10 plans de projections du sinogramme de bruit
.
Ces plans
correspondent à 10 directions de projections
contenues dans le plan transaxial (10 valeurs de
pour
).
Nous obtenons
valeurs du sinogramme de
bruit
à comparer aux
valeurs de
prises pour les mêmes plans. Pour la comparaison, nous allons d'abord normaliser
chacune de ces deux portions de sinogramme. D'après l'Eq.6.8,
nous avons sur le sinogramme de bruit un bruit gaussien de variance en 3D égale
à
 |
(5.9) |
On normalise donc les deux portions de sinogrammes en divisant chacun des
termes par
. Les bruits obtenus
devraient donc, en théorie suivre chacun une loi normale.
5.4.2.1 Critère du
.
Pour comparer les sinogrammes de bruit empiriques et calculés par un test du
, il est nécessaire de déterminer les histogrammes. Ces deux
histogrammes comportent chacun
classes. Le nombre de classes est
fonction du nombre d'échantillons choisis dans les sinogrammes de bruit et donc
de
. La similarité entre ces deux histogrammes est alors mesurée
par le critère
défini par:
où
représente le nombre de dexels du sinogramme
de bruit
qui sont comptés dans la classe
.5.4 Pour chaque valeur de la constante
une valeur de ce critère
peut être calculée. En traçant
, nous cherchons sur
la courbe la valeur de
minimisant le critère
.
Pour le sinogramme
, nous obtenons les résultats illustrés Fig.6.7.
Figure 6.7:
Courbe
pour le sinogramme
.
|
Il est facile sur cette courbe de déterminer la valeur optimale pour la variable
. Les valeurs optimales pour les deux constantes
et
correspondant à ce sinogramme particulier sont données Tab.6.4.
Table 6.4:
Constante
et
du sinogramme
.
|
Pour donner une idée de la variation de la constante
, nous avons
mémorisé les constantes
sur chacun des
plans de projections
considérés. La moyenne de ces 10 constantes nous redonne la valeur optimale
obtenue graphiquement sur la figure Fig.6.4 (linéarité de la
moyenne). La variance de ces 10 valeurs nous permet de mettre un ordre de grandeur
sur la variation de la constante autour de sa moyenne. A titre d'illustration,
nous donnons les courbes analogues à celle obtenue Fig.6.7 pour
10 angles de vues
particuliers (Fig.6.8).
Figure 6.8:
pour dix angles de vues
.
|
Sur cette dernière (Fig.6.8) sont également tracées 10
lignes d'isocontour (valeur constante de
). On constate que
pour suivre le fond de la vallée, i.e. pour suivre les valeurs optimales de
relative à chaque direction, nous nous déplaçons plus ou moins
sur une droite qui correspond à la valeur optimale de
déjà mentionnée.
5.4.2.2 Test de Kolmogorov-Smirnov (KS).
Une autre façon de comparer les deux distributions ne nécessitant pas un calcul
d'histogramme passe par l'utilisation d'une statistique de Kolmogorov-Smirnov.
On considère dans ce cas le sinogramme de bruit sous une forme unidimensionnelle.
Nous avons
échantillons de nos distributions
et
. Des estimateurs non biaisés des fonctions
de répartition de ces deux densités de probabilité
et
peuvent être construits. Ces fonctions de répartition
donnent la fraction de valeurs situées à gauche de
. Le test de KS se
base sur l'écart maximal observé entre ces fonctions de répartitions empiriques.
En effet, deux distributions différentes conduiront à des fonctions de repartition
différentes. Sous l'hypothèse
(les deux séries d'échantillons observées
proviennent de la même distribution), nous construisons la statistique suivante:
Nous pouvons pour chaque valeur de la constante
, estimer la valeur
de cette statistique. La valeur minimale de
nous conduit
à une constante
optimale. Pour le sinogramme
,
nous obtenons les résultats illustrés Fig.6.9.
Figure 6.9:
Courbe
pour le sinogramme
|
Nous constatons que l'utilisation de ce critère conduit à la même valeur de
optimale. Comme précédemment, nous donnons les courbes
pour 10 angles de vues particuliers (Fig.6.10)
Figure 6.10:
pour 10 angles de vues
.
 |
.
Pour les valeurs optimales des constantes
et
, les
histogrammes des deux sinogrammes de bruit sont donnés Fig.6.11.
Figure 6.11:
Histogramme des sinogrammes de bruits. Les distributions sont normalisées par l'écart type du bruit sur les sinogrammes (Eq.6.9). On représente en bleu le sinogramme de bruit calculé et en vert le sinogramme de bruit réel.
 |
Il faut reconnaître une forte similitude entre les deux tracés. Le sinogramme
de bruit calculé présente donc bien le même type d'histogramme que le sinogramme
réel. Il faut noter un écart sur les faibles valeurs (
) entre la
distribution calculée et la distribution réelle. Cette dernière présentant une
queue de distribution plus élevée. Si nous regardons, par segmentation de l'histogramme,
à quel endroit, spatialement, se situent les valeurs correspondant à cette queue
de distribution, nous constatons qu'il s'agit principalement de valeurs situées
à la périphérie du cerveau (i.e. à l'interface entre la tête et le fond).
D'autre part, on donne Fig.6.12 une illustration des sinogrammes
de bruit calculés et réels pour un même plan
. Même si les valeurs
de bruit se distribuent sensiblement de la même manière (histogrammes voisins),
la figure Fig.6.12
Figure 6.12:
Deux plans
des sinogrammes de bruit.L'axe des abscisses correspond à une variation de
sur l'axe des ordonnées à une variation suivant
. La direction de projection
est fixée.
|
|
[Sinogramme ]
|
[Sinogramme ]
|
met en évidence que les sinogrammes présentent en réalité un aspect sensiblement
différent. Pour le sinogramme de bruit calculé, nous n'avons pas un ``grain''
aussi fin que dans la distribution réelle. Cela est certainement un effet lié
au pas de discrétisation de notre volume qui reste, somme toute, relativement
grossier (
2mm).
5.4.2.5 Confrontation des profils d'autocorrélation.
Nous avons montré précédemment que la corrélation suivant les angles de vues
dépendait de la géométrie d'acquisition ainsi que du volume émetteur.
Il en va évidemment de même pour les angles d'inclinaison
. En revanche,
nous avions supposé que les fonctions caractéristiques
correspondaient à des portions disjointes de l'espace lorsqu'on se déplacait
en
où en
. Au moment de l'acquisition, nous avons un entrelaçage
des vues, et une valeur d'écartement nous permet de regrouper différentes lignes
de coïncidences au sein d'une même valeur de
. L'ensemble de ces
techniques liées à l'acquisition vont induire une corrélation suivant les variables
et
. Ces techniques (entrelaçage, brassage, écartement) ont
été prises en compte dans le calcul de notre sinogramme. Nous voulons donc voir
si ces éléments suffisent à expliquer la corrélation suivant ces deux directions
sur le sinogramme observé. Nous allons calculer les images d'autocorrélation
2D de chacun des 10 plans
. Nous moyennons ensuite tous ces images
2D d'autocorrélation pour obtenir une image d'autocorrélation moyenne. D'autre
part, le fait de moyenner les différentes images de corrélation obtenues pour
chaque plan considéré nous fait perdre la variabilité de ces images en fonction
de l'angle de vue. Mais, il s'agit ici de déterminer si globalement suivant
les directions portées par
et
, les corrélations
entre sinogramme calculé et sinogramme réel sont les mêmes. Le moyennage a donc
un sens puisque dans les deux cas, le fantôme utilisé est le même et la géométrie
d'acquisition est la même. Sur la figure Fig.6.13
Figure:
Profils d'autocorrélation sur sinogramme de bruit calculé ou réel. On représente les profils suivant la direction
(à droite) et suivant la direction
(à gauche) sur la même figure. Les profils vert (suivant
) et rouge (suivant
) correspondent au profils d'autocorrélation calculés pour le sinogramme de bruit réel (
), les profils bleu (suivant
) et violet (suivant
) correspondent aux profils d'autocorrélation calculés pour le sinogramme de bruit calculé (
)
 |
, nous représentons les profils moyens d'autocorrélation suivant les directions
associées à
et
. Ces profils d'autocorrélation
sont estimés dans l'espace de Fourier par utilisation des FFT. On considère
donc que le bruit est stationnaire sur chaque plan
. En effet, la
FFT ne nous donne accès qu'à une valeur globale de la corrélation. Les profils
d'autocorrélation sont donc uniquement fonction de
et
et non plus de
.5.5 Pour le sinogramme calculé, nous avons une corrélation beaucoup plus faible.
Il sera donc nécessaire d'introduire un filtrage ! Théoriquement, c'est le processus
d'émission des
qui est de nature poissonnienne et donc aléatoire.
Or, entre l'émission et la création de paires de photons
, il
existe un parcours de l'anti-électron. Comme le sinogramme compte les paires
de photons, ce parcours va introduire un flou sur la localisation du bruit.
L'introduction d'un filtrage nous permet (en partie) de prendre en compte ce
flou.
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Lecomte Jean François
2002-09-07